Unique au monde, l’entreprise Silmer de Cayeux-sur-Mer, 33 salariés, traite chaque année 100 000 tonnes de galets. Elle a mis au point des applications, notamment pour les revêtements de chaussée, répondant aux défis environnementaux.
Silmer, groupe Gagneraud, un nom d’entreprise qui ne parle pas forcément à beaucoup, et pourtant, fondée en 1928 à Cayeux-sur-Mer, elle a fait du galet un matériau noble et durable. Chaque année, 100 000 tonnes sont traitées dans l’entreprise qui compte 33 salariés en emplois directs et une cinquantaine en emploi indirects (chauffeurs routiers, électriciens…).
De multiples utilisations
55 000 tonnes proviennent d’une zone d’extraction au niveau du phare de Brighton. Il a fallu de nombreuses années pour que les galets composés à 99% de silice fassent le chemin depuis la côte d’Albâtre et la côte picarde.
Leur dérive vers le Nord est stoppée au Hourdel par l’estuaire de la Somme qui représente un barrage naturel. Chaque galet est restitué à la nature sur des zones fragilisées, comme par exemple à Ault, pour éviter que la mer n’inonde les terres. Ils sont prélevés dans la carrière terrestre de GSM au Hourdel.
20 000 tonnes non calcinées sont utilisées pour le marché de la décoration, comme galets ronds ou en charge de broyage. Les 45 000 tonnes de galets issus de la carrière terrestre sont cuits à 900°, puis concassés pour donner naissance à des granulats en majorité blancs. Ils servent pour le BTP, les routes, les bétons spéciaux industriels, bétons drainants, enrobés éclaircis et enrobés blanc.
Quinze mille tonnes de galets sont cuits à 1 600° pour produire de la silice cristobalite, qui sera elle aussi concassée et va entrer notamment dans la formulation de faux marbre, revêtements de chaussée, toiture, peinture routière, enduits…
« Nous sommes une entreprise presque centenaire mais qui fonctionne comme une start-up »
Sa blancheur est exceptionnelle, sa dureté importante et son pouvoir isolant élevés. Ainsi, au Québec et aux États-Unis, de nombreuses toitures de bâtiments industriels sont couvertes d’une membrane branche composée de grains de silice cristobalite très blancs. Comme peinture routière, elle offre une meilleure visibilité, elle est antidérapante, l’éclairage public peut être réduit en particulier dans des tunnels. Ses qualités anti-dérapantes sont aussi incontestables pour les formulations d’enrobés, comme des pistes cyclables aménagées en baie de Somme.
Un enrobé innovant, mélange de matériaux Silmer et d’un produit phosphorescent, a été mis au point avec Lhotellier et testé sur une piste cyclable sur Cayeux-sur-Mer. Le mélange capte les UV et le restitue dans le noir : « Sur les pistes de l’aéroport d’Hambourg en Allemagne, les avions atterrissent sur nos produits car notre granulat est référencé par Airbus pour sa blancheur et pour sa haute résistance à l’impact des pneumatiques sur la piste. Nous ne cessons pas d’innover. Nous sommes une entreprise presque centenaire mais qui fonctionne comme une start-up », pointe Brigitte Pagès, directrice commerciale de Silmer.
Premier pays importateur : l’Allemagne
Silmer a donc su au fil des années développer des applications qui répondent aux défis environnementaux d’aujourd’hui : « Les galets calcinés contribuent à lutter contre les îlots de chaleur, souligne Brigitte Pagès. Grâce à leur pouvoir isolant élevé et à leur couleur claire, ils permettent d’éviter l’effet fournaise en milieu urbain. L’écart de température, au sol, en été entre un revêtement sombre classique et un revêtement clair composé de granulats Silmer est de 10 à 15 ° C. » On peut notamment admirer le magnifique rendu dans la cour du musée de Picardie à Amiens ou sur le parvis de l’Institut du monde arabe à Paris.
Il n’est donc pas étonnant que le taux de croissance de l’entreprise, unique en France, atteigne les 10% cette année. Il est porté par les exportations, qui représentent 70% du chiffre d’affaires. Le premier pays importateur de produits Silmer est l’Allemagne (35 000 tonnes). Dans ce pays, les produits Silmer entrent dans la composition de chaussées. Ils améliorent la visibilité et la longévité des chaussées en réduisant les éclairages urbains ou les nids de poules.
« Les Allemands sont très sensibles aux économies d’énergie et à sécurité. Dans notre pays, le grand public est de plus attentif et demandeur de produits de qualité venant d’une zone proche. Autre qualité irremplaçable, la silice cristobalite et les granulats produits à Cayeux-sur-Mer sont recyclables à l’infini », souligne la directrice commerciale. Une raison de plus de les privilégier…